Un tabou gros comme une pinte de lait
Faire des grandes bannières des boucs émissaires ne sert en rien le débat sur le prix de l’épicerie
Latraverse

C’était presque réconfortant de voir les PDG des grandes bannières convoqués à Ottawa pour rendre des comptes.
Quelle injustice de les voir s’enrichir alors que des enfants arrivent à l’école le ventre vide.
On a tellement envie de les blâmer.
Mais il y a un éléphant dans la pièce dont personne n’ose parler, la gestion de l’offre.
En effet, pas mal plus facile de taper sur des millionnaires que sur nos agriculteurs !
- Écoutez la rencontre politique Latraverse-Abdelfadel avec Emmanuelle Latraverse via QUB radio :
Le lait à 8 $
Le problème, c’est que les faits sont têtus.
L’indice des prix à la consommation a augmenté de 8,8 % au pays depuis janvier 2022. Le prix du lait ? Il a augmenté de 14,1 %. Pendant ce temps, le prix de la volaille a grimpé de 12,2 % et celui des œufs de 16,9 %.
Les producteurs laitiers, de volaille et d’œufs plaideront qu’ils ne s’enrichissent pas sur notre dos. Intérêts sur les prêts, chauffage, grains, leurs coûts de production ont explosé.
Certes, mais si on plaide qu’une meilleure concurrence dans le monde des épiciers assurerait de meilleurs prix, difficile de ne pas arriver à la même conclusion pour le lait, le poulet et les œufs.
Mais cette réalité, personne n’ose en parler. C’est tabou. La gestion de l’offre est intouchable.
Je ne plaide pas ici qu’on doit l’abolir pour réduire le coût du panier d’épicerie. Cette politique a une foule d’autres vertus économiques et sociales au-delà du prix des produits. C’est un choix de société, on l’assume.
Je ne prétends pas non plus que les grandes bannières n’ont aucune part de responsabilité dans le coup de poing qu’on encaisse chaque semaine à l’épicerie.
Mais de grâce, avant de nous imaginer que Metro et IGA vont réduire le prix de la dinde en temps pour l’Action de grâce, ne nous laissons pas séduire par les solutions populistes que prône le gouvernement Trudeau.