Itinérance: un homme de 54 ans a une seconde chance grâce à un loyer abordable
Il espère pouvoir recouvrer son permis de conduire et rembourser sa dette d’étude
Retrouver de la stabilité, se sentir en sécurité, penser à son avenir, reprendre confiance: avoir un toit sur la tête redonne vie aux personnes en situation d’itinérance. Le Journal a rencontré trois ex-sans-abri qui reprennent leur vie en main grâce à leur logement.
Un homme de 54 ans qui a vécu de l’itinérance chronique réussit à se remettre sur le droit chemin et à payer ses dettes d’études grâce à l’accès à un loyer abordable.
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«Si tu vis sur le salaire minimum et que du jour au lendemain tu tombes sur le chômage, avec le coût des loyers, tu te retrouves presque automatiquement dans la rue», explique Franck Lambert, 54 ans.
Toute sa vie ou presque, Frank Lambert a alterné entre avoir un emploi, la perte de celui-ci, l’assurance chômage et l’aide sociale.
«J’ai toujours vécu avec de faibles revenus, de la difficulté à payer mon logement et ma bouffe. Ce sont les expériences de la vie qui m’ont aidé à trouver des ressources pour m’aider», raconte-t-il.
Chute dans l’itinérance
Sa vie dans la rue a commencé lorsqu’il a perdu son logement dans lequel il vivait depuis sept ans à cause de ses problèmes de consommation d’alcool. Par la suite, il explique avoir eu des périodes d’itinérance de plusieurs mois le temps qu’il se retrouve des appartements.
«En 2020, j’ai eu de la difficulté à payer mon loyer et j’ai su que mon propriétaire voulait aller au tribunal administratif du logement. Alors le 1er juin, j’ai perdu mon appartement, en pleine pandémie», raconte-t-il.
Débrouillard, il s’est en même temps trouvé un emploi dans une compagnie privée qui l’a mis en contact avec L’Accueil Bonneau.
Depuis, il loue une chambre à la Maison Eugénie-Bernier, gérée par L’Accueil Bonneau. La bâtisse comprend des logements d’accueil abordables de transition à durée indéterminée avec accompagnement pour les personnes de 18 ans et plus en situation d’itinérance chronique.
Trouver la stabilité
Pour lui, l’obtention de son logement à prix modique avec l’organisme lui a permis de se remettre sur les rails, de payer ses factures et de régler ses dettes, tout en pouvant s’organiser.
«Maintenant, mes comptes sont à jour, mes impôts sont à jour. Je suis plus à l’aise pour gérer mes affaires. Et j’ai même eu un emploi comme agent d’entretien à l’Hôpital juif de Montréal», explique-t-il.
Il espère dorénavant pouvoir rembourser ses dettes d’études qu’il traîne depuis la fin de son cégep en 1995, mais aussi recouvrer son permis de conduire.
«Ce sont pas mal ça mes plans pour le moyen long terme», confie-t-il fièrement.
«On s’entend, j’aimerais ça aussi avec une femme et des enfants, avec une belle petite maison, mais pour ça, il va falloir que je travaille fort», ajoute-t-il en riant.
De nouveaux logements pour L’Accueil Bonneau
Dans quelques mois, l’organisme montréalais inaugurera un nouvel immeuble comprenant 114 studios avec la Société d’Habitation et de développement de Montréal (SHDM) qui permettront d’offrir un toit à loyer modique à des centaines de personnes.
«Avec cette nouvelle maison, on vise une mixité sociale, où il y aura des hommes, des femmes LGBTQ de tout âge, qui représentent mieux la société», explique Fiona Crossling, directrice de L’Accueil Bonneau. Elle précise que pour le moment les trois maisons existantes ne logent que des hommes.
Avec l’explosion des prix des loyers dans la métropole, de plus en plus de personnes se retrouvent à risque de se retrouver en situation d’itinérance.
«Souvent, c’est à cause de la crise du logement que les gens se retrouvent en situation d’itinérance. On a souvent des préjugés envers les personnes en situation d’itinérance, mais c’est monsieur et madame Tout-le-Monde maintenant qui risque de perdre son logement», martèle Fiona Crossling.
Pour prévenir ou pour aider à se sortir de la rue, l’organisme montréalais, qui œuvre principalement dans le Vieux-Montréal, offre des 132 logements à prix modique, dans trois Maisons différentes: la Maison Claire-Ménard, la Maison Eugénie-Bernier et la Maison Joseph-Vincent. Ils y reçoivent aussi du soutien.
«Les gens ont besoin d’un logement, mais aussi d’accompagnement. La plupart des personnes que nous accueillons ont besoin d’un suivi psychosocial pour se remettre sur les rails. Ça permet aux gens de se stabiliser selon leur rythme», explique Mme Crosslin.
Rien qu’en 2022, cela a permis de sortir 418 personnes de l’itinérance, affirme Mme Crossling.