Chirurgie esthétique: de plus en plus d'hommes prêts à passer sous le bistouri pour améliorer leur apparence
Allongements de pénis, greffes de cheveux ou liposuccions pour définir les abdos
Allongements de pénis, greffes de cheveux ou liposuccions pour définir les abdos: la chirurgie esthétique, longtemps réservée aux femmes, séduit de plus en plus d’hommes prêts à passer sous le bistouri pour améliorer leur apparence.
«C’est exactement comme pour les femmes, ça a juste un peu de retard [...] Car pendant longtemps, les hommes se sont interdit de penser à ça, et ce n’est plus vrai», croit le chirurgien plasticien Alain Danino, un rare spécialiste dont la clientèle est majoritairement masculine.
Selon l’Association américaine des chirurgiens plasticiens, l’esthétisme a augmenté de 30% en seulement 20 ans chez les hommes. La rhinoplastie (nez), le lifting des paupières et la gynécomastie, pour réduire les glandes mammaires, sont parmi les plus populaires. Il n’y a aucune donnée disponible pour le Québec ou le Canada.
La mode du «Brotox»
Les injections sont aussi tellement prisées que l’Association parle maintenant de «Brotox» pour désigner le phénomène. Plus de 265 000 hommes auraient reçu du Botox en 2020, toujours selon les données américaines. Rien d’étonnant, lance Mirna Saadé, propriétaire de la Clinique Main D’Or à Montréal, dont la clientèle masculine a triplé en seulement deux ans, passant de 3 à 11%.
«Chaque fois qu’on publie une vidéo avec un homme sur nos réseaux sociaux, on voit plus d’intérêt, plus de clics. Notre vidéo la plus regardée sur Instagram, c’est celle où j’explique le Botox sur le front d’un homme», dit l’infirmière injectrice. Mme Saadé compte désormais cibler directement les hommes dans une prochaine campagne marketing.
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Malgré l’intérêt grandissant, seulement un patient sur dix, ou même moins, est un homme, soutient le Dr Eric Bensimon, président de l’Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec.
«Ça va toujours rester quelque chose de prédominant chez les femmes», estime-t-il.
Certaines procédures sont aussi moins indiquées pour les hommes. Par exemple, une liposuccion ne peut pas faire disparaître une «bedaine de bière», puisqu’il s’agit d’une graisse plus profonde. Il remarque toutefois un engouement pour les liposuccions à haute définition chez les hommes, qui servent à définir les muscles abdominaux.
- Écoutez l'entrevue avec le journaliste Hugo Duchaine à l’émission de Sophie Durocher via QUB radio :
Activité de couple?
Le propriétaire de l’agence Medcare Vacances, qui offre des forfaits controversés à l’étranger pour se faire opérer, Heykel Mansour, remarque que les hommes l’appellent rarement d’eux-mêmes.
«Généralement, [nos clients masculins] accompagnent déjà leurs conjointes et sont encouragés à le faire aussi», observe-t-il.
Dans la dernière année, une cliente a même offert une pénoplastie, pour grossir le pénis, comme cadeau d’anniversaire à son mari. «Ils viennent faire ça en couple, renchérit Annie Vincent, directrice générale de Nomades Médical, basée en Turquie. Une femme est venue pour une abdominoplastie et des implants mammaires et lui a eu un facelift.» Elle remarque aussi la forte popularité des greffes de cheveux ou de barbe, alors que la Turquie est aussi une destination mondiale prisée pour ces procédures.
Créer le mâle «alpha»
Le professeur de sociologie à l'Université Concordia y voit des «normes changeantes de la masculinité», notant qu’il est non seulement acceptable, mais attendu que les hommes travaillent sur leur corps, comme c’est le cas pour les femmes depuis des décennies.
Or, même si les méthodes changent, le recours à la chirurgie plastique vise encore à obtenir des standards de beauté traditionnellement masculins et «alpha».