La technologie au secours de la technologie pour contrer les vols de voitures
Au moins deux solutions sont actuellement en développement
Au moins deux solutions sont actuellement en développement utilisant des technologies de pointe pour contrer le vol de véhicules.
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La branche moto de BMW a dévoilé en avril iFace qui sera présenté dans des salons cet automne avant de se retrouver d’abord sur les modèles à moteurs boxer «parmi les plus recherchés au monde par les voleurs», avoue la compagnie dans un communiqué.
Le système a été développé en collaboration avec le directeur de l’institut d’ophtalmologie à l’Université de Munich. Il «offre d’une part une reconnaissance faciale du visage du motocycliste et d'autre part une comparaison iris-cornée des yeux pour une identification définitive.»
Grâce à l’infrarouge, le concept sera fonctionnel dans l’obscurité.
Et avec l’identification par iris-cornée, pas besoin d’enlever son casque affirme le constructeur allemand.
L’arroseur arrosé!
Le système, qui n’est pas visible de l’extérieur, communique avec le réseau d’urgence de BMW eCall en cas de tentative de vol.
Et si le voleur a la mauvaise idée de tenter de le déjouer, ses données biométriques (visage ou œil) seront enregistrées par le réseau pour identification ultérieure.
BMW dit tester sur le terrain depuis trois ans iFace avec un service policier bavarois et un spécialiste de la protection contre le vol.
Bientôt disponible
Toujours en Allemagne Continental, parmi les trois ou quatre plus grands fournisseurs de pièces automobiles, développe pour sa part avec le spécialiste de la reconnaissance faciale trinamiX un système d’identification du conducteur, appelé Driver Identification Display.
Un capteur à la base du combiné d’instruments reconnaît le visage du conducteur à travers les branches du volant pour permettre le démarrage.
«Les mêmes logiciels et éléments matériels peuvent être exploités (par les constructeurs d’automobiles) pour concevoir des solutions d’accès au véhicule permettant de déverrouiller le véhicule en montrant votre visage», a précisé Sebastien Fillenberg, des communications de Continental.
L’innovation reconnaît aussi la peau humaine pour empêcher l’utilisation d’une photo par exemple pour s’emparer du véhicule.
M. Fillenberg précise que son entreprise pourrait fournir le système aux constructeurs pour qu’il se retrouve sur des voitures en 2026.
Le Driver Identification Display permettra aussi de faire des paiements sécurisés dit Continental, et de surveiller l’attention du conducteur, une fonction qui sera bientôt obligatoire en Europe.
Rouler sans clé
Genesis, la branche haut de gamme du Hyundai, affirme avoir lancé le premier système de reconnaissance faciale sur une voiture avec sa GV60, disponible au Canada.
Un capteur sur le montant à droite de la portière du conducteur utilise la reconnaissance faciale pour le déverrouillage. Ensuite, le démarrage s’effectue avec un bouton reconnaissant l’empreinte digitale.
Une clé électronique est toujours fournie avec le véhicule. Dans sa communication Genesis présente le système comme un avantage pratique et ne fait aucunement référence à une meilleure protection contre le vol.
«J’ai essayé le système. Ça fonctionne très bien», avance Jesse Caron, du CAA-Québec.
La sécurité des données
«Mais il y a des enjeux de vie privée. Genesis nous a assuré que les données ne sortaient pas du véhicule. Mais en même temps tous les véhicules sont connectés aujourd’hui. Est-ce qu’il serait possible de pirater le véhicule pour obtenir des données personnelles? Qu’arrive-t-il lorsque le véhicule est revendu? Si les données personnelles circulent, est-ce qu’on y gagne au change?», questionne M. Caron.
Pour la solution de Continental, Sebastien Fillenberg s’est fait rassurant concernant la sécurité des données et la possibilité de réinitialiser le système, comme avec un téléphone par exemple. Cependant, cette sécurité sera liée en partie à la volonté des constructeurs qui achèteront le système.
«Toutes les données biométriques sont traitées dans un environnement d’exécution fiable qui protège les données contre les accès indésirables, les fuites et le piratage. Selon ce que le constructeur du véhicule préfère, il existe des moyens d’inclure des options de réinitialisation légales et prévues (vente du véhicule, ajout d’un conducteur par exemple) effectuées par un garage autorisé», précise-t-il.
La solution?
Ryk Edelstein, de 5-L Technology, met des bémols à savoir si les informations biométriques peuvent être efficaces contre le vol.
«Ça n’aurait guère d’autre objectif que d’être dissuasif, à moins qu'un composant des informations d’identification ne soit utilisé pour permettre une communication cryptée pour le contrôle du véhicule. Le problème ici est de mettre en œuvre une plate-forme qui ne peut pas être aussi facilement compromise», avance-t-il.
«Si l’industrie automobile imitait celle de l’aéronautique en intégrant des certificats cryptographiques dans la communication utilisée dans les automobiles, la capacité de voler une voiture ne serait plus accessible à la plupart des voleurs courants», croit-il.
Veut-on arrêter le vol?
M. Edelstein se questionne aussi sur la motivation de l’industrie automobile de corriger le problème et de celle de l’assurance de mettre de la pression sur les constructeurs.
«Si le vol de voiture entraîne de nouveaux achats, tout effort pour résoudre ce problème entraînera une baisse des ventes. Les assureurs ne s’inquiéteront que lorsque les versements des indemnités dépasseront les prévisions. Et si cela se produit, les assureurs répercuteront l’augmentation sur les consommateurs. En fin de compte, quelqu'un doit arrêter le cycle et insister pour que l’industrie automobile prenne le vol au sérieux et soit tenue de prendre des mesures», lance-t-il.
Jesse Caron, du CAA-Québec, aimerait aussi que les constructeurs se penchent plus sérieusement sur le problème créé par les nouvelles technologies.
«On n’a pas entendu de réponse de leur part», conclut-il.