Un dernier refuge: un logement apaise la vie d'un ex-itinérant de 65 ans en fin de vie
Alors qu'il est atteint d'un cancer de stade 4, son logement lui permet de se sentir en sécurité
Retrouver de la stabilité, se sentir en sécurité, penser à son avenir, reprendre confiance: avoir un toit sur la tête redonne vie aux personnes en situation d’itinérance. Le Journal a rencontré trois ex-sans-abri qui reprennent leur vie en main grâce à leur logement.
Un ex-itinérant de 65 ans à qui il ne reste que quelques mois à vivre est apaisé, alors qu'il peut finir sa vie dignement grâce à un logement abordable.
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«Il me reste quelques mois à vivre, je veux les finir tranquille ici, je ne veux pas déménager», explique Claude Côté, 65 ans, qui a appris en mars que ses jours étaient comptés. Après huit ans de chimiothérapie, son cancer du côlon est au stade 4.
Accompagné depuis 20 ans par l’Accueil Bonneau, M. Côté vivait d’abord à la Maison Paul-Grégoire, un endroit géré par l’organisme qui vient en aide aux personnes en situation d’itinérance.
«Ça a été un soulagement quand j’ai eu mon appartement. Ça faisait longtemps que j’attendais», se souvient-il.
La bâtisse, qui abritait 33 ex-sans-abri, comme lui, a dû fermer ses portes en 2019 à cause de risques d’effondrement dans sa structure.
Relogé, Claude vit depuis dans l’un des 49 studios de la Maison Joseph-Vincent, située sur la rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal, dont s’occupe aussi l’Accueil Bonneau. Ici, ce sont des logements subventionnés avec accompagnement qui sont offerts aux personnes de 50 ans et plus ayant une perte d’autonomie légère liée à l’itinérance.
Vie d’itinérance
Vendeur, boucher, gérant de viande, camelot: Claude Côté a enchaîné les boulots toute sa vie, sans pour autant avoir un endroit où rentrer dormir tous les soirs après sa journée de travail.
«J’ai perdu pas mal de travail à cause de mon alcoolisme et pas mal travaillé en dessous de la table quand j’étais sur l’aide sociale. Mais depuis que je suis avec l’Accueil Bonneau, ça va bien», confie-t-il.
Après des années à vivre dans la rue, dans les refuges d’urgence sans savoir ce qui allait arriver le lendemain, son accession au logement a été une chance pour lui, affirme-t-il.
«Ça me permet d’avoir une vie normale», ajoute-t-il, en racontant fièrement qu'il prend soin de son logis, lequel lui coûte environ 380$ par mois, soit 25% de son revenu.
- Écoutez l'entrevue d'Alexandre Dubé avec Sonia Côté, PDG de l'organisme Le Chaînon via QUB radio :
Accompagné
C’est aussi l’accompagnement par des intervenants de l’organisme et une fiducie qui lui ont permis de se remettre sur pied.
«Avec mes problèmes quand j’étais dans la rue, j’ai épuisé mon assurance-chômage, je ne connaissais pas ça, le bien-être social», poursuit-il.
Aujourd’hui, la maladie ne l’empêche pas de rendre service à ses voisins à mobilité réduite.
«Je m’occupe de faire des petites courses pour eux, ça me permet d’aider ceux qui ne peuvent pas sortir de chez eux», poursuit-il.
De nouveaux logements pour l'Accueil Bonneau
Dans quelques mois, l’organisme montréalais inaugurera un nouvel immeuble comprenant 114 studios avec la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) qui permettront d’offrir un toit à loyer modique à des centaines de personnes.
«Avec cette nouvelle maison, on vise une mixité sociale, où il y aura des hommes, des femmes LGBTQ de tout âge, qui représentent mieux la société», explique Fiona Crossling, directrice de l’Accueil Bonneau. Elle précise que, pour le moment, les trois maisons existantes ne logent que des hommes.
Avec l’explosion des prix des loyers dans la métropole, de plus en plus de personnes se retrouvent à risque de se retrouver en situation d’itinérance.
«Souvent, c’est à cause de la crise du logement que les gens se retrouvent en situation d’itinérance. On a souvent des préjugés envers les personnes en situation d’itinérance, mais c’est monsieur et madame Tout-le-Monde maintenant qui risquent de perdre leur logement», martèle Fiona Crossling.
Pour prévenir ou pour aider à se sortir de la rue, l’organisme montréalais, qui œuvre principalement dans le Vieux-Montréal, offre 132 logements à prix modique, dans trois maisons différentes: la Maison Claire-Ménard, la Maison Eugénie-Bernier et la Maison Joseph-Vincent. Ils y reçoivent aussi du soutien.
«Les gens ont besoin d’un logement, mais aussi d’accompagnement. La plupart des personnes que nous accueillons ont besoin d’un suivi psychosocial pour se remettre sur les rails. Ça permet aux gens de se stabiliser selon leur rythme», explique Mme Crosslin.
Rien qu’en 2022, cela a permis de sortir 418 personnes de l’itinérance, affirme Mme Crossling.