Un toit et une seconde chance : un logement abordable change la vie d'un homme menacé d'itinérance
Avec une belle vue sur le Saint-Laurent, il guérit peu à peu et retrouve un équilibre dans la vie
Retrouver de la stabilité, se sentir en sécurité, penser à son avenir, reprendre confiance : avoir un toit sur la tête redonne vie aux personnes en situation d’itinérance. Le Journal a rencontré trois ex-sans-abris qui reprennent leur vie en main grâce à leur logement.
Un homme de 58 ans qui risque de se retrouver en situation d’itinérance trouve un équilibre grâce à un logement à prix modique, après avoir perdu son logement dans un incendie.
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«Quand je suis arrivé ici, ça m’a donné des ailes pour me rétablir et recommencer à neuf, c’est un tremplin», confie Daniel Simoneau, assis sur le banc de son piano d'où il a une vue imprenable sur le Saint-Laurent.
Depuis près d’un an et demi, l’homme de 58 ans vit dans un petit studio qu’il loue à L’Accueil Bonneau et qui est situé dans la Maison Claire-Ménard, rue de la Commune. Celle-ci a pour vocation de loger les personnes de 18 ans et plus qui sont ou qui risquent de se retrouver en situation d’itinérance, et qui sont engagées dans un projet actif et défini de réinsertion sociale, indique l’organisme qui vient en aide à ces personnes.
«Avant, je restais sur la rue Saint-Christophe, mais un désaxé a décidé de faire sauter son appartement. À cause du feu, j’ai dû quitter ma chambre», explique M. Simoneau, qui a toujours enchaîné les petits boulots.
Parti en fumé
Cela faisait dix ans qu’il vivait dans une maison de chambres avec cinq autres chambreurs. Il s’occupait de l'entretien des lieux, entre autres.
«Je faisais la peinture, je m’occupais de l’extérieur aussi : les fleurs, les fenêtres et tout ce que tu peux penser», dit-il.
Mais du jour au lendemain, sa vie et sa chambre sont parties en fumée après l’incendie, et M. Simoneau a dû trouver refuge à la Maison du Père, où il donnait aussi un coup de main.
Finalement, après quelque temps et grâce à des amis, c’est à L’Accueil Bonneau qu’il a posé ses valises et trouvé un nouvel espace où entreposer sa dizaine d’instruments de musique qu’il a sauvés de l’incendie.
«Il a fallu tout que je nettoie quasiment à la brosse à dents. J’ai quand même perdu quatre amplis, des violons, des trompettes, un trombone. Ça a été très dur», confie-t-il en jouant quelques notes sur son piano sauvé des flammes.
Sécurité
Pour lui, cet appartement qui lui coûte 237$ par mois, «c’est la sécurité».
«Quand je suis arrivé, j’étais tout débalancé. Là, maintenant, je suis en train de me rétablir», confie-t-il.
Pour lui, il est clair que s’il n’avait pas eu l’Accueil Bonneau après l’incendie, il n’aurait pas pu avancer dans la vie, surtout pas avec le prix des logements montréalais.
«C’est effrayant! Si je peux garder mon logement ici assez longtemps pour vivre bien et me sentir à l’aise, après je pourrais peut-être faire de quoi. Mais pour le moment, Montréal, pour moi, c’est impensable, observe-t-il. C’est très difficile d’avoir un appartement aujourd’hui.»
De nouveaux logements pour L'Accueil Bonneau
Dans quelques mois, l’organisme montréalais L’Accueil Bonneau inaugurera un nouvel immeuble comprenant 114 studios avec la Société d’Habitation et de développement de Montréal (SHDM), afin d’offrir un toit à loyer modique à des centaines de personnes.
«Avec cette nouvelle maison, on vise une mixité sociale, où il y aura des hommes, des femmes LGBTQ de tout âge, qui représentent mieux la société», ajoute-t-elle, en précisant que, pour le moment, les trois maisons existantes ne logent que des hommes.
Avec l’explosion des prix des loyers dans la métropole, de plus en plus de personnes risquent de se retrouver en situation d’itinérance. Pour prévenir ou pour aider à se sortir de la rue, l’organisme montréalais, qui œuvre principalement dans le Vieux-Montréal, offre 132 logements à prix modique, dans trois maisons différentes : la Maison Claire-Ménard, la Maison Eugénie-Bernier et la Maison Joseph-Vincent. On y offre aussi du soutien.
«Les gens ont besoin d’un logement, mais aussi d’accompagnement. La plupart des personnes que nous accueillons ont besoin d’un suivi psychosocial pour se remettre sur les rails. Ça permet aux gens de se stabiliser selon leur rythme», explique Mme Crosslin.
Rien qu’en 2022, cela a permis de sortir 418 personnes de l’itinérance, affirme Mme Crossling.
«Souvent, c’est à cause de la crise du logement que les gens se retrouvent en situation d’itinérance. On a souvent des préjugés envers les personnes en situation d’itinérance, mais c’est monsieur et madame Tout-le-Monde maintenant qui risque de perdre son logement», martèle Fiona Crossling, directrice de L’Accueil Bonneau.