Dossiers mal protégés
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Des dossiers médicaux et autres informations sensibles sont facilement accessibles dans les corridors de plusieurs hôpitaux.
À l’Hôtel-Dieu du CHUM, des centaines de dossiers médicaux sont entreposées dans le corridor menant aux archives. Le Journal a notamment pu consulter sans problème le dossier d’un homme de Cartierville atteint d’un cancer de la prostate.
On y retrouvait des dizaines de pages contenant, entre autres, des notes opératoires, des résultats d’analyses de laboratoire et des formulaires de consentement. Plusieurs de ces renseignements n’étaient même pas connus du patient lui-même.
On a aussi pu y découvrir son adresse, le nom de sa femme ainsi que le numéro de téléphone cellulaire de sa fille. « Les boîtes ne devraient pas traîner là. Ça donne un drôle de goût », déplore Paul G. Brunet, du Conseil de protection des malades.
Le Journal s’est présenté à plusieurs reprises pour consulter les documents sans jamais être importuné. Le corridor est fréquenté surtout par le personnel, mais les visiteurs peuvent facilement y accéder. « C’est une situation temporaire. Il y a une réorganisation des dossiers aux archives pour faire un classement permanent », dit la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne.
À l’Hôpital Notre-Dame, il a été possible de consulter le dossier d’un patient atteint du VIH et traité pour un cancer de la prostate. Il faisait partie d’une pile de dossiers laissée dans le corridor du département de radio-oncologie.
Là aussi, le numéro de cellulaire du patient était inscrit sous la couverture du dossier. On y apprend qu’il a reçu des traitements d’hormonothérapie et qu’il prend de fortes doses d’Hydromorphone Contin. On note aussi qu’il se procure des doses de médicaments au marché noir.
Secrets près de la cafétéria
Du côté de l’Hôpital général du Lakeshore, ce sont des rapports de déclaration d’incidents ou d’accidents qu’il a été possible de consulter. Les documents étaient dans une enveloppe du courrier interne, à proximité de la cafétéria.
Les patients concernés dans les rapports logeaient au Centre d’hébergement Denis-Benjamin-Viger. On y apprend que l’un d’eux affichait une ecchymose sous l’œil ou qu’un autre était tombé du lit. Il n’y a pas qu’au Lakeshore que des documents confidentiels sont laissés dans des corridors près de la cafétéria. C’est le cas aussi à l’Hôpital Honoré-Mercier, où il a été possible de consulter des requêtes pour des opérations.
Tous ces cas rappellent à Me Jean-Pierre Ménard une situation à l’Hôpital du Sacré-Cœur, où des dossiers ont été stockés dans une salle de bains. « Ça n’a pas de bon sens. Il faut développer une culture de la confidentialité. »
Aussi pire à l’urgence
La situation n’est guère mieux dans le corridor des urgences, où plusieurs informations confidentielles sont entendues par tous. Lors de notre passage à l’Hôpital Pierre-Boucher, une médecin expliquait à une dame que toutes les zones du cerveau de son conjoint étaient désormais touchées. On lui a administré des anticonvulsifs, mais son état était désormais généralisé.
À Maisonneuve-Rosemont, un patient expliquait qu’on lui avait fait un cathétérisme pour faire sortir l’urine lors d’une visite précédente.
Au Centre hospitalier de Saint-Eustache, un membre du personnel parle à voix haute de la dialyse d’un vieil homme. Quelques minutes auparavant, une collègue avait demandé une bassine pour une dame âgée. « C’est encore plus déplorable pour les patients qui doivent faire leurs besoins dans le corridor. Il y a beaucoup de gens dans les corridors qui sont des gens âgés à mobilité réduite », dénonce le Dr Bernard Mathieu, président de la Table des chefs d’urgence de Montréal.
dans les dossiers ainsi que des informations trop sensibles


