À un clic de l’infidélité
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Il n’a jamais été plus facile de tromper son mari ou sa femme. Des sites de rencontres pour infidèles attirent chaque jour de nouveaux adeptes. Et différents sites et applications offrent des alibis et de faux documents pour tout garder secret.
Le Québec suit cette tendance mondiale. Par exemple, un site, ashleymadison.com, a maintenant à lui seul 163 000 membres dans la province, 15 000 de plus qu’en décembre dernier.
Les psychologues et les sexologues interrogés dressent un constat unanime: Internet facilite énormément les aventures extraconjugales et crée beaucoup plus d’occasions de sauter la clôture.
Sentiment incroyable
«C’est un sentiment incroyable de tromper sa femme», lance Fernie, un infidèle récidiviste sur le site ashleymadison.com.
«Ça n’a pas sauvé mon mariage, mais ça m’a ramenée à la vie», mentionne Laurence, une femme qui a trouvé un amant sur le même site.
Les conséquences d’une cyberinfidélité ne sont pas à minimiser, selon Wendi Arminjon, une sexologue québécoise.
«De plus en plus de couples divorcent à cause de la cyberinfidélité», explique-t-elle. Et même si le méfait peut parfois n’être que virtuel, il a des répercussions réelles sur le couple dans la vraie vie.
«On le voit en clinique et c’est une tendance générale. Les gens souffrent assez (de la cyberinfidélité) pour venir consulter», souligne la sexologue, auteure d’une thèse sur la question.
Parmi les personnes qui ont eu une aventure via le web, seulement 21% surfaient avec l’intention de rencontrer quelqu’un. Pour les autres, 79%, c’était de la curiosité, sans intention d’avoir une aventure.
Selon les recherches de Wendi Arminjon, les femmes de moins de 40 ans trompent leur conjoint autant que les hommes trompent leur femme.
Les sites de rencontres pour infidèles sont extrêmement lucratifs. Si c’est gratuit pour les femmes, les hommes peuvent payer facilement 300 $ par mois pour une utilisation régulière. Et même beaucoup plus.
La majorité des experts interrogés ne sont pas surpris par la portée de sites comme ashleymadison.com, le site pour infidèles le plus populaire du monde avec 21 millions de membres, et le 2e site de rencontres en importance après match.com.
Même sur les sites de rencontres traditionnels, un Américain sur trois est marié, selon une étude. La réalité québécoise n’est sans doute pas loin de la leur.
Infidélité 2.0
Selon les recherches du psychologue, sexologue et auteur Yvon Dallaire, environ 50% des couples vont avoir à traverser un épisode d’infidélité. Environ trois hommes sur cinq vont avoir une aventure et deux femmes sur cinq iront voir ailleurs.
Aujourd’hui, l’infidélité est moins spontanée, beaucoup plus réfléchie et calculée. Elle est aussi plus accessible. Ordinateur portable, téléphone cellulaire, tablette électronique brisent les frontières et tout le monde peut y goûter.
Les médias sociaux, les sites de rencontres et la pornographie en ligne intensifient la quête de la perfection et donnent l’illusion que l’herbe sera toujours plus verte ailleurs, selon Wendi Arminjon.
Roger Bronsard, sexologue, affirme que les réseaux sociaux sèment beaucoup d’émoi dans les couples.
«Les gens retrouvent d’anciens copains, d’anciens amants. Le contact est plus facile, mais, surtout, ils gardent contact.»
Selon la sexologue Lise Desjardins, «avoir plus de possibilités et plus d’occasions ne veut pas nécessairement dire plus de personnes infidèles, mais sans aucun doute plus d’infidélité». Une personne qui ne cherche pas d’aventure n’aura sûrement pas de relations extraconjugales. Par contre, une personne qui désire sauter la clôture aura beaucoup plus de facilité à le faire.
Elle insiste sur le fait que la génération d’aujourd’hui est très «porno et performance». «Il y a beaucoup moins d’implication émotionnelle, il y a donc moins d’engagement émotionnel, donc beaucoup plus de détachement face à l’autre», souligne-t-elle.
Les valeurs d’une société évoluent, s’adaptent et se transforment parfois avec les années. C’est ce qui est en train de se passer, selon Lise Desjardins.
«Pourquoi s’interdire la possibilité de vivre cette extase? dit un homme qui cherche une maîtresse. Tant de belles femmes éminemment désirables à rencontrer.»

Le ratio homme/femme reste le même d’un pays à l’autre. Généralement, 70% des abonnés sont des hommes pour 30% de femmes. Après 65 ans, il y a 14 hommes d’inscrits pour une seule femme. C’est ce qu’ils appellent la «génération viagra».
Le lendemain de la fête des Mères, il y a eu une augmentation de 439% d’inscriptions de femmes sur le site ashleymadison.com, en une journée seulement.
Les femmes sont de plus grandes utilisatrices de l’application mobile d’Ashley Madison.
Les hommes dans le domaine de la finance seraient les plus désireux d’avoir une aventure extraconjugale, suivi de ceux œuvrant dans le domaine de l’informatique, de la médecine et du droit. En 5e position, on retrouve les entrepreneurs.
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Ce sont les femmes dans le domaine de l’éducation que l’on retrouve en plus grand nombre sur le site. Suivies de celles de la finance, de la thérapie médicale et de l’immobilier. En 5e position, on retrouve les femmes à la maison.
Les femmes de Montréal chercheraient majoritairement une aventure avec un homme de Toronto ou d’Ottawa.
Ottawa est aussi la ville avec le plus grand pourcentage de membres féminins, avec 38% d’inscriptions.
Montréal se trouve au 10e rang des villes canadiennes les plus infidèles. La première place revient à Ottawa, la seconde à Calgary et la troisième à Edmonton.
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