
Les huit nominations de L’arrivée aux Oscars permettent non seulement à Denis Villeneuve de briller à Hollywood, mais aussi à plusieurs artistes et techniciens québécois de voir leur talent être reconnu à l’échelle mondiale.
En plus de Villeneuve, six Québécois qui ont travaillé sur le film ont des chances d’obtenir un prix dimanche soir: Patrice Vermette (direction artistique), Paul Hotte (décors), Claude La Haye et Bernard Gariépy Strobl (mixage sonore) et Sylvain Bellemare (montage sonore).
Villeneuve ne s’est d’ailleurs pas gêné pour dire que pour lui, L’arrivée – qui a entièrement été tourné au Québec – est «un film très québécois», malgré le fait qu’il ait été produit à Hollywood.
«Ce qui est très positif avec une cérémonie comme les Oscars, c’est que ça met les projecteurs pas seulement sur les acteurs et les cinéastes, mais aussi sur les gens qui travaillent dans l’ombre. De voir ma gang québécoise être reconnue de la sorte me procure vraiment beaucoup de joie», avait confié Villeneuve le mois dernier.
Depuis ses débuts derrière la caméra, il y a déjà plus de 25 ans, le parcours de Denis Villeneuve a toujours été jalonné de succès. Voici 10 moments importants de sa carrière jusqu’à maintenant.

Après avoir étudié en cinéma à l’UQAM, Denis Villeneuve s’inscrit à 23 ans comme concurrent à la Course Europe-Asie (un ancêtre de la Course destination monde), qui est diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Les reportages qu’il livre en parcourant l’Europe et l’Asie lui permettent de remporter le premier prix du concours, devant notamment Patrick Masbourian.
Avec ce prix, Villeneuve obtient la chance de réaliser un premier film avec l’aide de l’ONF: il tourne donc le moyen métrage REW FFWD, qui raconte l’histoire d’un photographe qui, lors d’un reportage en Jamaïque, tombe en panne dans un quartier réputé violent. Villeneuve réalise aussi quelques vidéoclips, notamment pour Daniel Bélanger et Beau Dommage.
Denis Villeneuve se rend au Festival de Cannes pour la première fois pour présenter à la Quinzaine des réalisateurs le film collectif Cosmos qu’il a coréalisé en compagnie de plusieurs autres jeunes cinéastes québécois, dont André Turpin et Manon Briand.

Villeneuve lance son premier véritable long métrage de fiction, Un 32 août sur Terre, qui met en vedette Alexis Martin et Pascale Bussières. Le film obtient un beau succès d’estime à l’international et est sélectionné dans une trentaine de festivals, dont ceux de Cannes et de Toronto.
Le cinéaste obtient un succès critique encore plus important deux ans plus tard avec son second long métrage, Maelström, qui remporte une vingtaine de prix dans le monde, dont le Prix de la critique internationale du Festival de Berlin, et huit prix au Gala du cinéma québécois.
Après s’être retiré du milieu du cinéma pendant quelques années pour se ressourcer, Denis Villeneuve est de retour à Cannes pour présenter son court métrage Next Floor. Le cinéaste décrit ce film produit de façon indépendante comme «un pur geste artistique».
«J’ai retrouvé en tournant Next Floor le plaisir pur de faire du cinéma, sans pression extérieure, avait confié le cinéaste au Journal en présentant le film à Cannes. Après Maelström, j’ai arrêté pendant un bout parce que j’avais besoin de retrouver le plaisir de faire du cinéma.»
Pour son premier long métrage depuis Maelström, Denis Villeneuve s’attaque à un sujet sensible et délicat: la fusillade du 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal. Tourné en noir et blanc, sobrement et sans aucune forme de sensationnalisme, le film Polytechnique est bien accueilli par la critique et le public.
Après avoir vu deux de ses films précédents (Maelström et Un 32 août sur Terre) être choisis pour représenter le Canada aux Oscars, mais sans être retenus parmi les finalistes, Denis Villeneuve décroche enfin sa toute première nomination aux Oscars alors que son film Incendies est retenu parmi les cinq finalistes pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le prix sera finalement remis au fil danois In A Better World, mais l’immense succès international d’Incendies ouvre les portes d’Hollywood à Villeneuve. Incendies triomphe au Gala du cinéma québécois (neuf prix) et aux Génie (huit prix).
Villeneuve fait une entrée remarquée à Hollywood avec le thriller Prisonniers, son premier film américain qu’il a tourné avec Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal. À la première du long métrage, au Festival de Toronto, les vedettes du film multiplient les éloges à l’endroit du cinéaste québécois en lui prédisant une grande carrière. Prisonniers récolte 122 M$ au box-office mondial.
Denis Villeneuve retourne sur la Croisette par la grande porte: Sicario, son second film américain, est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes. Très bien accueilli par la critique internationale, le film obtient aussi trois nominations aux Oscars dans des catégories techniques.

Denis Villeneuve amorce le tournage du film le plus ambitieux de sa carrière à ce jour, Blade Runner 2049, la suite très attendue du classique de science-fiction de 1982. Le Québécois y dirige un autre Canadien, Ryan Gosling, et Harrison Ford (qui reprend son rôle du premier film). «Presque tous les jours, sur le plateau, on se regarde, Ryan (Gosling) et moi, et on part à rire d’excitation, de joie, mais aussi de frayeur à l’idée qu’on tourne la suite de Blade Runner», nous confiait Villeneuve au moment du tournage, en septembre dernier.

Denis Villeneuve passe à l’histoire en voyant son film L’arrivée décrocher huit nominations aux Oscars. Réussira-t-il à aller chercher quelques prix? La réponse dimanche soir…

Denis est parfois énigmatique, toujours très drôle et délicieusement ambitieux. Quand il m’a dit qu’il allait faire Polytechnique, je lui ai dit “c’est casse-gueule.” J’étais manifestement dans le champ. Depuis, il enchaîne des films toujours plus costauds avec une vision chirurgicale. Avec L’arrivée, il a transformé une méga science-fiction en poésie personnelle. C’est son film le plus intimiste, celui qui lui ressemble le plus.»

D’un film à l’autre, Denis a toujours eu l’instinct de choisir le projet qui l’amènerait à l’étape suivante. Il navigue là-dedans de façon remarquable. Ça explique en partie pourquoi il a un parcours sans faute jusqu’à maintenant.»

Denis n’est pas un réalisateur contrôlant. Il est totalement à l’opposé de cela. Il travaille dans la collaboration et l’écoute. Et il n’a pas un gros égo, ce qui est très cool.» (Propos recueillis à Toronto en septembre 2015)

Denis est tellement passionné et il a tellement d’amour pour ce qu’il fait. On sent cela chaque jour quand on arrive sur le plateau de tournage. J’ai senti son soutien tout au long du tournage. Il est le génie derrière la grande réussite du film.» (Propos recueillis au Festival de Toronto en septembre dernier)

Au moment de tourner le film (Sicario), je n’avais pas idée à quel point il est un grand cinéaste. C’est en voyant le résultat à l’écran que je me suis rendu compte à quel point il est doué et à quel point son film est maîtrisé. Il savait exactement ce qu’il voulait faire, même s’il ne donnait pas cette impression. Ce gars-là est pas mal plus intelligent que moi!» (Propos recueillis à Toronto en septembre 2015)
Le regretté cinéaste d’animation et environnementaliste a remporté à deux reprises l’Oscar du meilleur court métrage d’animation: en 1982 pour Crac! et en 1988 pour L’homme qui plantait des arbres.
Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère à deux reprises (en 1987 pour Le déclin de l’empire américain et en 1990 pour Jésus de Montréal) avant de remporter ce prix en 2014 pour Les Invasions barbares.
Son film Dallas Buyers Club a récolté six nominations aux Oscars en 2014 notamment pour le prix du meilleur film. Ses acteurs Matthew McConaughey et Jared Leto ont chacun remporté un prix.
Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2012 pour Monsieur Lazhar.
Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2013 pour son film Rebelle.
Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur court métrage en 2013 pour son film Henry.
Denis Villeneuve est officiellement le premier cinéaste québécois francophone à être nommé pour l’Oscar de la meilleure réalisation, mais deux réalisateurs montréalais anglophones ont réussi cet exploit avant lui. Il s’agit de Mark Robson (nommé pour Peyton Place en 1958 et pour The Inn of The Sixth Happiness en 1959) et Jason Reitman (nommé pour Juno en 2008 et pour Up in the Air en 2010).

Arrival (L’arrivée)
Fences
Hacksaw Ridge
Hell or High Water (Hors-la-loi)
Hidden Figures (Les figures de l’ombre)
La La Land (Pour l’amour d’Hollywood)
Lion
Manchester by the Sea
Moonlight (Moonlight: l’histoire d’une vie)
Isabelle Huppert - Elle
Ruth Negga - Loving
Natalie Portman - Jackie
Emma Stone - La La Land
Meryl Streep - Florence Foster Jenkins
Casey Affleck - Manchester by the Sea
Andrew Garfield - Hacksaw Ridge
Ryan Gosling - La La Land
Viggo Mortensen - Captain Fantastic (Une vie fantastique)
Denzel Washington - Fences
Viola Davis - Fences
Naomie Harris - Moonlight
Nicole Kidman - Lion
Octavia Spencer - Hidden Figures
Michelle Williams - Manchester by the Sea
Mahershala Ali - Moonlight
Jeff Bridges - Hell or High Water
Lucas Hedges - Manchester by the Sea
Dev Patel - Lion
Michael Shannon - Nocturnal Animals (Animaux nocturnes)
Denis Villeneuve - Arrival
Mel Gibson - Hacksaw Ridge
Damien Chazelle - La La Land
Kenneth Lonergan - Manchester by the Sea
Barry Jenkins – Moonligh
Hell or High Water
La La Land
The Lobster (Le homard)
Manchester by the Sea
20th Century Woman (Les femmes du 20e siècle)
Arrival
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Hidden Figures
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