Karine Vanasse à toute épreuve

Karine Vanasse
à toute épreuve
Il fait chaud, très chaud. Trente degrés Celsius, pour être plus précis. Sous un soleil de plomb, en pleine forêt, Karine Vanasse multiplie les push-ups. Vêtue de pantalons cargo et d’un simple t-shirt gris, la comédienne repousse ses limites physiques. Les deux mains dans la boue, elle tient bon. Sous les cris menaçants de Patrice Godin, elle redouble d’ardeur.
On peut lire la fatigue dans ses yeux. Finira-t-elle par craquer? Non. L’actrice maintiendra cette cadence infernale jusqu’au retentissant «Coupez!» du réalisateur Yves-Christian Fournier. Un large sourire illuminera ensuite son visage ruisselant de sueur. Le genre de sourire qui manifeste la fierté du devoir accompli.
En entrevue quelques minutes plus tôt, Karine Vanasse nous racontait combien elle chérissait ce type de défi. Visiblement, elle disait la vérité.
«J’aime les rôles physiques, parce que ça engage autre chose, ça amène quelque chose d’autre dans ton jeu, explique la vedette de Blue Moon. Ça provoque des réactions spontanées. Ça t’oblige à jouer non pas avec ta tête, mais avec ton corps. Et durant un tournage, quand les techniciens voient que tu mets toute la gomme, ils mettent toute la gomme eux aussi. C’est une belle énergie qui circule.»
Dans la série Blue Moon, qui sera présentée aux abonnés de Club illico au début 2016, Karine Vanasse campe Justine Laurier, une militaire des Forces armées canadiennes en mission en Afrique, contrainte de revenir au Québec pour prendre les rênes de l’agence de sécurité créée par son père, récemment décédé. De retour dans la Belle Province, elle doit apprendre à composer avec plusieurs individus, dont Benoît Lebel (Luc Picard), le cofondateur de Blue Moon. Justine fait également connaissance avec ses nouveaux collègues de travail, campés par Caroline Dhavernas, Éric Bruneau, Alexandre Landry, Samuel «Samian» Tremblay-Mongrain et Clauter Alexandre.
Un entraînement rigoureux
Comme tous les comédiens de Blue Moon, Karine Vanasse a suivi un entraînement physique rigoureux dans les mois précédant le tournage du nouveau suspense de Luc Dionne (Omertà). Ses efforts portent leurs fruits puisqu’aujourd’hui, 12 heures après avoir fait des push-ups devant les caméras d’Yves-Christian Fournier jusqu’au petit matin, elle paraît fraîche comme une rose.
Pour avoir le physique d’une représentante des forces armées, Karine Vanasse s’est lancée corps et âme dans le tissu aérien cet hiver. L’actrice est d’ailleurs tombée amoureuse de cette discipline qu’elle a découverte à Los Angeles durant les tournages de Revenge.
«Je suis certaine que c’est quelque chose qui va gagner en popularité au cours des prochaines années, dit-elle. C’est hyperexigeant pour les épaules. Mais ça travaille les muscles en longueur. Pour une actrice, c’est important, parce que personne ne veut avoir l’air de The Hulk!»
Un nouveau régime
Pour maximiser les résultats, Karine Vanasse a aussi changé de régime alimentaire, désormais très riche en protéines. «Une de mes bonnes amies, Madeleine Péloquin, devait aussi s’entraîner pour tourner la suite de Nitro cet été. On est allées faire de l’escalade récemment, puis on s’est mises à comparer nos biceps! On parlait comme des gars! C’était très drôle!»
Après les films français En solitaire (2013) et Switch (2011), Blue Moon marque un nouveau rôle physique pour Karine Vanasse. Les yeux brillants, la star raconte avoir toujours voulu être une héroïne de film d’action. Une fascination qui remonte aux années 1980, en voyant Linda Hamilton jouer les dures à cuire dans Terminator.
«Sentir la force qui émanait d’elle… Ce sont des images qui m’ont marquée.»
Les tournages des deux premières saisons de Blue Moon se poursuivent jusqu’à la fin du mois d’août.


— Fabienne Larouche

Spécialité: Les bombes
C’est une fille qui a appris à survivre toute seule. Elle ne fait pas facilement confiance. Elle a un véritable problème face à l’autorité. Elle refuse qu’on lui dise quoi faire. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds: elle pose des questions, elle met en doute... C’est dans l’adrénaline qu’elle vit ses émotions.
Elle désamorce les bombes. Elle se sent donc bien en situation de stress intense. Elle se sent vivante quand elle est sur la corde raide.»










L'âge doré des séries télé
Fabienne Larouche suit toujours attentivement les cotes d’écoute des émissions qu’elle écrit et qu’elle produit. Avec Blue Moon, la situation risque d’être légèrement différente. En effet, la série sera offerte en exclusivité sur Club illico, un service de vidéo sur demande sur internet que plusieurs observateurs qualifient de «Netflix québécois». Vidéotron compte bien entendu sur Karine Vanasse et compagnie pour élargir sa clientèle. «Ce sont les abonnements qui vont nous stresser cette fois!», lance Fabienne Larouche en riant.
Le lancement d’une série aussi prestigieuse que Blue Moon, écrite par Luc Dionne (Omertà) et réalisée par Yves-Christian Fournier (Tout est parfait), confirme la popularité croissante au Québec des alternatives au téléviseur... ou du moins aux chaînes conventionnelles.
Fabienne Larouche voit ces changements d’un bon œil.
«Ça donne une chance de plus aux auteurs, aux réalisateurs, aux créateurs et aux acteurs de pratiquer leur métier, indique la productrice de Blue Moon. Avant, quand tu avais une série, c’était Radio-Canada ou TVA… Maintenant, tu peux te tourner vers Séries+, Bell, V… Les marchés s’ouvrent. Pour moi, c’est l’âge doré des séries télé. La preuve? J’en produis quatre cet été : 30 Vies et Unité 9 à Radio-Canada, Blue Moon pour Club illico et Ruptures à Séries+.»
Selon Fabienne Larouche, la popularité croissante des Club illico, Netlfix, Amazon et autres plateformes internet ne menace aucunement la télévision traditionnelle.
«Quand la télévision est arrivée, on a dit : «Le cinéma va disparaître!» Quand internet est arrivé, on a dit : «La télévision va disparaître!» Moi, je pense qu’il y aura toujours une place pour une bonne histoire.»
« Un public assoiffé »
Karine Vanasse abonde dans le même sens que Fabienne Larouche. Selon la comédienne, les services de vidéo sur demande par abonnement en ligne répondent aux besoins changeants des téléspectateurs.
«Ce qu’il faut réaliser, c’est que les gens passent de plus en plus de temps à consommer des contenus de divertissement. On n’est pas en train de dire : «La télé se meurt.» La forme change, mais les gens n’ont jamais autant regardé de contenus devant un écran. Oui c’est vrai que maintenant, on veut regarder nos émissions quand on veut. Chez moi, j’ai ma télé par internet. Je n’ai pas le câble.»
En plus de favoriser le contenu de qualité, cette abondance de plateformes de diffusion permet à une plus grande variété d’œuvres de briller, souligne Karine Vanasse.
«On est assoiffé, observe l’actrice. On parle de séries, on parle de documentaires… Ce n’était pas comme ça avant. Je regarde simplement tout ce qui se passe avec le documentaire sur Nina Simone sur Netflix. Autour de moi, tout le monde en parle. C’est le fun de voir que certains types de contenus prennent plus de place qu’avant. D’un autre côté, les gros événements rassembleurs sont plus populaires que jamais. Donc tout le monde y trouve son compte. Rien ne s’éteint pour que quelque chose d’autre s’allume.»
Le futur ?
Témoin privilégié des premiers balbutiements de Club illico, Éric Bruneau dit être étonné du succès remporté par cette plateforme de diffusion depuis son lancement en février 2013. Vedette de Mensonges, dont les deux premières saisons ont été diffusées en exclusivité sur Club illico, le comédien craignait – au départ – que personne ne voie la série de Gilles Desjardins.
«Je jouais dans Toute la vérité, rappelle l’acteur. Je voyais c’était quoi être à TVA à heure de grande écoute le lundi soir... Je croyais que Mensonges allait passer dans le beurre, mais les gens ont suivi. On m’en parlait dans la rue. Au Québec, on reste très accroché à TVA et Radio-Canada, mais on s’adapte aux différentes façons de regarder la télé.»
Les services de vidéo sur demande par abonnement comme Club illico, Netflix et compagnie sont-ils l’avenir du petit écran? Caroline Dhavernas croit que oui.
«C’est le futur. On ne peut pas se battre contre ça. Aujourd’hui, les gens se dirigent vers leur ordinateur, vers une façon de regarder la télé qui ne les oblige pas à être assis devant leur téléviseur à une heure précise une fois par semaine. Très peu de gens de ma génération le font.»
Services de télé sur demande
Club illico n’est pas le seul service de vidéo sur demande par abonnement offert au Québec. Voici les principaux joueurs :
Club illico
Prix : 9,99 $ par mois
Offre en français : Vaste
Titres vedettes : Mensonges, Breaking Bad : le chimiste, Au secours de Béatrice, Les beaux malaises, Fortier, Toute la vérité, Unité 9
Netflix
Prix : 7,99 $ par mois
Offre en français : Faible
Titres vedettes : Friends, Breaking Bad, Mad Men, Homeland, The Walking Dead
Tou.tv extra
Prix : 6,99 $ par mois
Offre en français : Vaste
Titres vedettes : Les Bougon, 19-2, Unité 9, Fortier, La galère, Rumeurs, Omertà
CraveTV
Prix : 4 $ par mois
Offre en français : Nulle
Titres vedettes : Seinfeld, The Sopranos, Homeland, Orphan Black, The Big Bang Theory, Masters of Sex, The Affair
Shomi
Prix : 8,99 $
Offre en français : Nulle
Titres vedettes : Outlander, Modern Family, Transparent, Sons of Anarchy, Vikings, Parks and Recreation
Caroline Dhavernas et Éric Bruneau donnent la réplique à Karine Vanasse dans Blue Moon. Nous avons rencontré les deux comédiens durant le tournage du thriller.

Rôle: Chloé
Spécialité: Informatique

PERSONNAGE:
«Elle est plutôt taciturne au début… C’est quelqu’un qui analyse beaucoup et parle peu. Elle a vécu des choses très difficiles dans son passé, avec les hommes, entre autres. Elle s’est forgé une carapace. Au début, elle voit Justine (Karine Vanasse) comme une rivale.»
Entraînement physique:
Adepte de yoga, Caroline Dhavernas n’a eu qu’une semaine de congé entre les tournages d’Hannibal et de Blue Moon. Heureusement, son manque de préparation physique ne semblait pas la gêner quand nous l’avons rencontrée à Saint-Hyppolyte, dans les Laurentides, au lendemain d’une éreintante journée de tournage. «Je suis un peu raquée, mais je m’attendais à 100 fois pire, admet la comédienne de 37 ans, qui craignait d’être incapable de marcher après avoir couru et fait des push-ups jusqu’à 3 h du matin. «Je m’attendais à être incapable de marcher aujourd’hui!»

Rôle: Milan
Spécialité: Tireur d’élite

PERSONNAGE:
«Milan, c’est comme Iago dans Othello de Shakespeare. C’est quelqu’un qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. C’est quelqu’un d’excessivement ambitieux. C’est le bras droit de Benoît (Luc Picard). Comme tous les personnages dans la série, Mila a des motivations secrètes... On ne sait jamais s’il dit la vérité.»
Entraînement physique:
En plus de retenir les services d’un entraîneur privé, Éric Bruneau a modifié son alimentation (éliminant notamment les trois P: pain, pâtes, patates) pour mieux camper un tireur d’élite.
«Yves-Christian voulait qu’on soit le plus crédible possible. Les autres gars ont pris beaucoup de masse, mais étant donné que j’avais des contrats au théâtre, je savais que je n’allais pas être capable de prendre 15 lb de muscles. On s’est donc arrangé pour que je sois fit. Je vais donc au gym de trois à quatre fois par semaine depuis un bon bout de temps. Je fais des poids, des push-ups, des redressements assis… Je suis tanné! Au début, ça allait. Les résultats sont venus assez rapidement… mais maintenir les acquis, surtout avec les horaires de tournage, c’est difficile. Aller s’entraîner le soir après le travail... C’est tout un challenge.»