
Plus de deux ans après avoir attiré l’attention du monde entier grâce à une vidéo devenue virale, David Thibault est finalement prêt à présenter son premier album. Et c’est en reprenant des chansons des années 50 et 60 qu’il lance officiellement sa carrière. Un choix logique pour un artiste qui a grandi en écoutant les grands succès d’Elvis et qui rêve de posséder une Buick 1955.
«Tout le monde dit que j’ai une vieille âme», confie le jeune homme de 19 ans, de Saint-Raymond de Portneuf, rencontré à Québec, la semaine dernière, en marge de la parution prochaine de cet album qui portera simplement son nom.
Dans le décor d’une autre époque du restaurant Pat Rétro, dans le quartier de Sillery (à Québec), David Thibault ne détonne pas. Tiré à quatre épingles, l’air calme et sûr de lui, le finaliste de l’édition 2015 à The Voice se prête avec aisance à une séance de photos et répond avec gentillesse aux admirateurs qui lui demandent un autographe.
Comme c’est le cas depuis deux ans, il est accompagné de son directeur musical et complice, Robert Lavoie, qui se dit lui-même «rétro dans l’âme».
Soudain, le regard de Thibault s’allume. Les haut-parleurs du restaurant crachent les premières notes d’un succès du King. «C’est Don’t Be Cruel. Je l’ai reconnue dès la première note», dit-il fièrement.
«Du nouveau avec de l’ancien»
À le voir ainsi s’immerger avec bonheur dans une culture qui date du milieu du siècle dernier, on se demande si David Thibault n’aurait pas préféré vivre dans les années 50. Il assure que non, qu’il est né à la bonne époque. Mais qu’il a ce qu’on pourrait appeler une mission.
«Je pense que je suis là pour montrer aux gens que le rock’n’roll existe encore. Je veux le faire découvrir aux jeunes. Le son de la contrebasse, je ne pense pas qu’ils connaissent ça. Si j’en mets dans mes albums, ça va peut-être les intriguer. Je veux apporter quelque chose de nouveau avec de l’ancien.»
Cela dit, convient Thibault, «j’aimerais beaucoup avoir une machine à remonter dans le temps et aller voir comment ça se passait.» Il en profiterait, explique-t-il, pour aller voir des concerts de ses idoles. Les Elvis, Little Richards, Jerry Lee Lewis.
«Je regarde beaucoup de clips d’eux sur internet pour m’inspirer. Si dans un show je fais une toune de Jerry Lee Lewis, qui était un peu fou, je vais me laisser plus aller sur scène.»

Trouver le son
Ses idoles, on les entendra tous sur son album qui compte huit reprises et quatre compositions originales.
Au départ, relate Thibault, sa maison de disques Mercury (filiale française de Universal) et lui souhaitaient sortir un album entièrement de musique originale. Après l’aventure The Voice, toute l’équipe s’est donc mise au travail. Mais le résultat n’était pas à la hauteur des espérances de l’artiste.
«Ça ne me ressemblait pas musicalement. Je ne le sentais pas. On a donc décidé de faire un album de “covers” pour faire patienter les gens. Ça me permet de prendre le temps de trouver un nouveau son que les gens n’ont jamais entendu. Je suis prêt à me battre pour ça», lance-t-il d’un ton déterminé.
La totale
Signe des espoirs placés en lui, David Thibault a eu droit à la totale lors de l’enregistrement à Montréal: quatre musiciens, des sections de cuivres, de cordes et trois choristes. Un encadrement digne d’une star. «Ça me rend doublement fier. Pour un premier album, c’était vraiment quelque chose de gros.»
À la hauteur de la carrière internationale qui l’attend? Robert Lavoie croit que nous n’avons encore rien vu.
«Aucun doute, ça va être big. Il a trop de talent pour que ça se passe autrement.»
L’album éponyme de David Thibault sera en vente le 27 mai au Québec et en France.

- That’s All Right Mama (Elvis Presley)
- Mess Around (Ray Charles)
- Only The Lonely (Roy Orbison)
- Stray Cat Strut (The Stray Cats)
- Rip It Up (Little Richard)
- Folsom Prison Blues (Johnny Cash)
- Great Balls of Fire (Jerry Lee Lewis)
- Blue Hotel (Chris Isaak)
Ses trois chansons coup de cœur sur son album
That’s All Right Mama
Elvis Presley
«C’est la première toune que j’ai vraiment écoutée d’Elvis dans ma jeunesse et c’est aussi une de mes préférées. Elle m’a fait tomber amoureux de sa musique.»
Mess Around
Ray Charles
«C’est une chanson qui n’a pas été reprise souvent», dit David. «On a écouté beaucoup de Ray Charles et David a souvent signifié qu’il aimait particulièrement celle-là et voulait l’essayer», ajoute Robert Lavoie.
Stray Cat Strut
Stray Cats
«J’aime la vibe de cette chanson. C’est influencé par le blues, un style que j’adore, et c’est le fun à chanter. Je ne connaissais pas ce groupe, c’est Robert qui me les a fait découvrir.»

Sur la route vers les plus hauts sommets, David Thibault peut compter sur l’appui indéfectible d’un petit groupe de personnes qui s’est donné comme surnom la David Mafia.
Parmi eux, son gérant Martin Leclerc et son directeur musical Robert Lavoie. «Quand j’étais jeune et je tripais sur Elvis, ils parlaient de la Memphis Mafia. Nous, on a la David Mafia. Nous sommes les habitués et nous avons nos petites patentes à nous», indique Lavoie.
Grand gaillard à la chevelure blonde platine et aux bras tapissés de tatouages, le guitariste Robert Lavoie suit David depuis mars 2014. Rapidement, un lien très fort s’est tissé entre les deux. Pour David, il est un mentor, un grand frère, celui à qui il peut tout raconter.
«Une chance que je l’ai, car sinon je ne sais pas ce que je ferais tout seul à Montréal», dit la jeune star.
Sus aux mauvaises influences
En plus d’être le confident, Robert Lavoie est aussi celui qui détend l’atmosphère en enchaînant les blagues. C’est aussi lui qui chasse les indésirables.
«Naturellement, il n’est pas porté vers ces affaires-là», dit-il en parlant de la vie sexe, drogue et rock’n’roll, un danger qui attend dans le détour bien des vedettes. «Ça ne l’intéresse pas. Je surveille cependant les influences extérieures, les gens qui pourraient essayer de... J’ai un bon pif pour ça. C’est déjà arrivé que je tasse du monde.»
L’évolution d’un introverti
La présence d’un gars comme Robert Lavoie s’avère d’autant plus précieuse pour un jeune homme aussi introverti que David Thibault.
Car si le jeune crooner se révèle un redoutable entertainer sur scène, il se révèle très discret quand il ne chante pas. À ses débuts, son extrême timidité était frappante lorsqu’il donnait des entrevues.
Même s’il ne s’est pas transformé en moulin à paroles, Thibault affirme avoir pris de la maturité depuis 2013. À preuve, il a jasé pendant près d’une quarantaine de minutes avec le représentant du Journal pour ce reportage.
David: «J’ai plus confiance en moi, c’est certain, et je suis moins gêné avec le public.»
Robert: «Je me rappelle lui avoir déjà dit: dans quelques années, on va regarder où tu étais et on va en rire. Dans ce métier, tu es toujours sous les feux de la rampe, alors t’évolues assez vite.»
Campagne cruciale
De là à aimer devoir se livrer en entrevues? «C’est certain qu’il y a des choses que tu n’as pas le choix de faire. Si je n’aimais vraiment pas ça, je ferais autre chose. Mais non, j’aime ça. Cela dit, c’est sur scène que je me sens le mieux», dit Thibault.
N’empêche, une importante campagne promotionnelle à travers le Québec et la France l’attend au cours des prochains mois. Il devra être à son mieux pour séduire les masses de nouveau.
«C’est crucial, dit Robert Lavoie, qui restera à ses côtés tout au long de ce passage obligé. Il doit se faire connaître même après avoir été vu par des millions de personnes à The Voice. Quand tu sors un album, il y a un travail à faire. Tu dois aller chercher de nouveau les gens. Heureusement pour David, dans toutes les personnes qui sont passées à The Voice, il est unique dans son genre.»

Quel est le meilleur conseil que tu as reçu depuis tes débuts dans le showbusiness ?
«Rester soi-même. C’est Mika qui m’avait dit ça.»
As-tu de bons amis dans le milieu de la musique ?
«Je travaille beaucoup avec Brigitte Boisjoli pour un show qu’on va faire ensemble. On s’entend super bien.»
Rêves-tu d’être la tête d’affiche d’un show au Centre Bell, au Centre Vidéotron ou sur les plaines d’Abraham ?
«Oui, c’est certain, mais je suis quelqu’un qui prend les jours un à la fois. Je ne me fais pas d’attente pour ne pas être déçu.»
Réussis-tu bien à résister aux tentations qui viennent avec la célébrité, comme l’alcool, la fête...?
«Je suis très calme là-dessus. Je fais ce que j’aime le plus et ça ne m’intéresse pas de tomber dans la drogue ou l’alcool.»
Est-ce que tu retournes souvent chez toi à Saint-Raymond ?
«Quand je peux, j’y vais. Ça me tient beaucoup à cœur. C’est là que j’ai commencé et c’est là que sont tous mes souvenirs d’enfance.»
Tu as une blonde ?
«Oui, elle reste à Rivière-du-Loup. Elle va à l’école. Ce n’est pas toujours simple avec la distance mais je crois que dans une relation, la clef c’est la communication et la confiance. J’aimerais que tu écrives que je l’aime beaucoup.»