Place aux bons sentiments
Guy Jodoin aime bien se qualifier de rebelle. Il suffit d’examiner sa feuille de route pour comprendre pourquoi ce terme lui convient. Après 13 ans de sécurité d’emploi, quitter une valeur sûre comme Sucré salé pour «faire autre chose» demande beaucoup de cran... tout comme tenir les rênes d’un gala rempli de bons sentiments. Surtout en 2017, où chaque événement du genre adopte des airs de bien-cuit.
Rencontré au Théâtre Denise-Pelletier quelques jours avant qu’il prenne le micro pour animer les 32es Prix Artis, Guy Jodoin paraît détendu. Aux commandes du prestigieux rendez-vous pour une deuxième année d’affilée, la tête d’affiche de TVA dit vouloir offrir un feel good gala. On parle donc d’une cérémonie qui s’inscrira à contre-courant de celles qui marquent les esprits aux États-Unis depuis quelques années. On n’a qu’à penser aux Golden Globes de Ricky Gervais, Tina Fey et Amy Poehler, dans lesquels les stars en nomination en prenaient pour leur rhume, ou encore aux Oscars de Jimmy Kimmel, où personne n’était à l’abri. Cette mode grinçante a même traversé la frontière, influençant notamment le ton emprunté par Jean-Philippe Wauthier et Éric Salvail aux derniers Prix Gémeaux.
Malgré cette tendance lourde, Guy Jodoin n’en démord pas: la cérémonie de dimanche n’écorchera personne. Personne au parterre, du moins.
«Ce n’est pas un gala de bitcheries, insiste l’animateur. Ce qu’on veut, c’est un gala de mots, d’histoires et d’anecdotes. Le monde est tellement lourd depuis quelque temps. On veut juste divertir. On veut juste aider les gens à passer du bon temps.»
Nouvelle équipe
Pour atteindre cet objectif, les producteurs du Gala Artis ont posé un certain nombre de gestes. Ainsi, l’équipe d’auteurs a été complètement transformée. Guy Jodoin travaille dorénavant avec René Brisebois, Daniel Chiasson et Daniel Bouthillette. La mise en scène du spectacle est assurée par Charles Dauphinais, et Raphaël Malo signe la réalisation.
«C’est un jeune team, indique le maître de cérémonie. C’est le fun. Ils n’ont pas peur. Ils sont volontaires.»
Autre différence attendue: le numéro d’ouverture. Oubliez les vidéos préenregistrées de style Mission: impossible. Ce printemps, l’entrée en matière se fera en toute simplicité.
«Il n’y aura pas de gros pétards, précise Guy Jodoin. On sentait le besoin d’aller ailleurs. Parce que si t’essaies constamment de topper ce qui s’est fait avant, tu tournes en rond.»
Avant Louis-José Houde
Les premières rencontres ont beau s’être tenues en 2016, les véritables préparatifs du gala ont débuté en mars. Au cours des dernières semaines, Guy Jodoin est allé répéter son monologue quelques fois au Bordel Comedy Club à Montréal. Bien que stressante, l’expérience semble avoir amusé le comédien.
«Un soir, je suis passé juste avant Louis-José Houde. C’est difficile, parce que je n’ai pas l’habitude de monter sur scène pour raconter des blagues. Je ne suis pas humoriste. Ce n’est pas mon métier. Mais on fonce pareil. Et on bûche fort.»
L’affection du public
Lauréat de six trophées Artis, Guy Jodoin a récolté sa première nomination au Gala Artis (alors appelé MetroStar) en 1993, alors qu’il pilotait Télé-Pirate avec Élyse Marquis et Christian Bégin à Canal Famille. Bien qu’il ait perdu devant Marc-André Coallier, invincible grâce au Club des 100 watts, le comédien garde un excellent souvenir de cette soirée, pa
rce que seulement quatre ans après sa sortie du Collège Lionel-Groulx en théâtre, il entrait dans l’inconscient collectif en gagnant l’affection du public.
«J’ai senti un changement», souligne-t-il aujourd’hui.
Guy Jodoin n’a jamais perdu cet attachement des téléspectateurs. Près de 25 ans plus tard, le lien demeure intact. Mais en entrevue au Journal, l’acteur insiste: il ne s’est jamais trahi pour conserver cet amour à tout prix.
«Je suis quelqu’un qui aime les malaises, qui aime les défis... Je n’ai pas envie de freiner mes élans pour éviter de déplaire aux gens. Je dois – d’abord et avant tout – aimer ce que je fais. C’est le plus important.»
L’impasse sur Facebook
Bien qu’il aime parler aux gens qui l’abordent dans la rue, Guy Jodoin n’est toujours pas sur Twitter, Facebook et compagnie. Pour un artiste, ce rejet des médias sociaux est rarissime.
«On peut dire que c’est une forme de rébellion, dit celui qui a attendu longtemps avant de s’acheter un téléphone cellulaire. J’ai toujours voulu préserver ma vie privée. Et ce que j’aime, c’est jouer et faire mon métier. Si quelqu’un ne m’engage pas parce que je n’ai pas de page Facebook pour promouvoir son émission, tant pis.»
«Et m’ouvrir un compte Twitter pour me faire dire des trucs négatifs par quelqu’un qui s’appelle Guimauve33, ça ne m’intéresse pas.»
Guy Jodoin anime le 32e Gala Artis dimanche à 20 h à TVA.